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Chapitre premier

 

-Drago ?

Drago tourna les yeux vers son épouse. Ils étaient dans leur limousine et venait de déposer leur fils premier-né devant le Poudlard Express. 

-Oui Astoria ? Il y a un problème ? 

-Ce serait plutôt à moi de te poser cette question. Tu n’as rien dit depuis que Scorpius est monté dans le train. Je suis sûre et certaine qu’il sera admis à Serpentard, ne te fais pas tant de souci.

-Je ne me fais pas de souci pour lui. Notre fils est parfaitement capable, il ne me décevra pas. Il est loin d’être stupide. 

Drago retourna la tête vers l’extérieur et observa la ville tout autour. Ils devaient traverser Epping Forest pour se rendre dans leur manoir. Drago l’avait fait construire aussi loin que possible de celui des Greengrass, de celui de ses parents et de toute cette pression familiale.

-Évidemment, comment pourrait-il l’être alors que…

Drago en avait assez du babillage incessant d’Astoria. Ne pouvait-elle pas comprendre qu’il n’avait pas envie de parler ?

-Je dois aller chez Lady Dashwood aujourd’hui. Il me semble que tu as rendez-vous avec le Ministre de la Magie, non ? 

-Oui c’est ça. D’ailleurs j’aurais dû m’arrêter bien avant, c’est ridicule que je rentre au manoir alors que j’ai rendez-vous dans peu de temps. 

La limousine s’arrêta et Drago regarda son épouse et ses grands yeux verts. Elle semblait vouloir quelque chose de particulier mais n’osait pas le dire. 

-Tu te souviens de la dernière fois où nous avons été seuls tous les deux ? lui demanda t’elle en posant sa main sur lui.

-Avant-hier. Quand Scorpius a dormi chez tes parents. 

-Je veux dire… vraiment seuls..

Drago remarqua que le chauffeur avait disparu. Il n’avait pas entendu de portière et pourtant il était seul avec sa femme. 

-Où est… ? 

Astoria posa sa main sur la bouche de Drago pour l’empêcher de parler et elle posa ses lèvres dans le cou de son mari. Il se raidit à son contact, il ne s’y attendait pas. Elle le perçut immédiatement. 

-Il y a une époque où ce simple contact t’aurait rendu sauvage. Tu te rappelles du jour de notre rencontre ? Tu étais tellement spontané. Et le jour de nos noces ? Tu m’avais presque arraché ma robe  de mariée dans la limousine avant de se rendre chez mes parents pour le repas… C’était tellement spontané et réjouissant..

 

Drago lui avait un souvenir différent du jour de ses noces. Il avait voulu partir en courant mais son père l’avait d’un regard cloué sur place. « Restaurer l’honneur de la famille Â». C’était son devoir. Son père lui avait bien fait comprendre il y a près de 15 ans quand il lui avait dit que la fille Greengrass venait de rompre avec son fiancé et qu’il avait arrangé un rendez-vous entre eux. Il avait regardé Astoria, qui était splendide dans sa robe blanche et sa rivière de diamants mais dans le fond, il savait que c’était un contrat comme un autre. Il savait qu’il devait faire un héritier pour s’attacher à jamais la famille Greengrass. Qu’importait leur couple en soi. Si ils venaient à se séparer, l’enfant lui resterait à jamais un Malefoy. Il avait compté sur le fait qu’il devait lui faire un enfant le plus vite possible, d’où la scène de la limousine. Il sourit et glissa ses doigts sur le cou gracile de sa femme. 

-Excuse-moi j’ai juste été surpris. J’ai l’habitude de prendre les devants et je m’inquiète un peu pour Scorpius en réalité. Ne pas le voir tous les jours jusqu’à Noël sera difficile. 

Il mentait de manière éhontée. Il n’avait aucune crainte pour son fils. Il était un Malefoy et s’en sortirait toujours face à l’adversité. Il avait glissé une bourse pleine à craquer dans sa valise avant de partir. Il en aurait plus besoin que du hibou offert par sa mère. Astoria le regarda en souriant. Ce sourire maternel elle le réservait d’ordinaire à son fils quand ils étaient seuls tous les deux. Drago avait été ébahi la première fois qu’il l’avait surpris cette connivence entre les deux. Astoria souriait rarement de manière spontanée. Elle était plutôt froide et distante. 

-Je sais Drago, je sais. Ça nous rappellera juste les 3 premières années de notre mariage quand Scorpius n’était pas là. Je vais rappeler le chauffeur. 

-Attends. 

Il se pencha vers elle et l’embrassa. Il n’avait pas voulu la rendre malheureuse. D’ailleurs il ne savait pas si elle l’était vraiment. Il ne l’avait pas touché depuis des mois. Ils dormaient ensemble mais c’était comme si toute chaleur avait quitté le lit conjugal. Il se recula légèrement. 

-Je ne rentre pas tard ce soir, nous n’avons rien de prévu je crois. 

-Absolument rien. 

La voiture redémarra à ce moment là. Drago posa sa main sur la cuisse de son épouse, et avec délectation continua son observation du dehors, sa femme ayant décidé de cesser de parler. 

 

Arrivé au manoir, il jeta sa cape à un elfe sans le regarder et monta les escaliers quatre à quatre. Il décida de prendre une douche froide avant de partir au ministère de la Magie. Il choisit avec soin ses habits et s’observa dans le miroir. Il avait laissé ses cheveux pousser durant l’été mais il allait les couper. Il ressemblait un peu trop à son père à son goût. Il avait beaucoup maigri dernièrement et la ressemblance était désormais frappante. 

 

Il regarda son bras gauche entièrement tatoué. Il ne pouvait s’empêcher de voir encore cette marque d’infamie. Certains soirs, il lui semblait encore ressentir la douleur de l’appel du Seigneur des Ténèbres. « Voldemort Â» murmura-t-il avec un léger frisson. Il savait que pour cesser d’avoir peur de son nom, il devait le dire à voix haute. Il glissa sa main vers son bras et sourit légèrement.

Sa mère, si calme, avait hurlé en voyant son bras entièrement tatoué. C’était l’été juste après la bataille de Poudlard. Il avait d’abord tout essayé pour effacer la marque mais il n’avait pas réussi Il avait juste réussi à empirer les choses. Le crâne sur le dessus s’était fendu en deux et n’avait pas du tout bougé. Ce jour là, il était rentré chez lui se changer et avait été chez un tatoueur moldu. Il était sûr et certain de n’avoir aucune question ni aucun regard gorgé de peur ou de rancÅ“ur. 

-Tu ne trouveras JAMAIS une fille bien désormais, avait-elle commencé à chouiner. 

Il l’avait alors regardé avec froideur. 

-Parce que tu crois vraiment que quelqu’un voudra de moi en voyant la Marque des Ténèbres Maman ? Je veux dire à part quelqu’un fan des Mangemorts comme vous deux.

Son père l’avait frappé d’un coup de canne sur le visage. Il en avait gardé la marque des mois durant. Il aurait pu la faire enlever mais il avait refusé. Il l’arborait tel un trophée. Quand il était retourné à Poudlard la rentrée d’après, on lui avait demandé ce qui s’était passé. 

-C’est le début de ma rédemption, avait-il juste dit. 

Il s’était retourné et avait vu Granger. Il avait fui son regard à l’époque, même si ils étaient tous les deux préfets en chefs. Elle ne lui en avait jamais parlé d’ailleurs et il avait toujours trouvé ça profondément bizarre.

 

-Drago ? Est-ce que tu… Tu n’es pas encore prêt ?! 

-J’ai bientôt fini.

Il enfila sa robe grise anthracite qui relevait la couleur de ses yeux et se brossa une dernière fois les cheveux. Il était prêt à aller voir Kingsley Shacklebot. Il arriva au ministère de la Magie et salua quelques personnes d’un hochement de tête avant de se diriger vers les ascenseurs. Il jeta un gallion dans la fontaine en passant comme à chaque fois. Il se plaça face à l’entrée de l’ascenseur quand il perçut une odeur de parfum qu’il connaissait. Une odeur de poire et de gingembre ressortait de manière entêtante.

 

-Deux fois dans la même journée ? Sérieusement Drago Malefoy ? Si tu veux me voir aussi souvent tu n’as qu’à venir prendre un rendez-vous..

Il se retourna et vit le sourire sarcastique de Hermione Granger. Du moins la première chose qu’il vit fut ses grands yeux noisettes brillants de sarcasme, puis ses lèvres charnues rouges cerises étirées en un rictus. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois qu’il l’avait vu. Elle n’avait pas pris une ride. C’était à la naissance de Scorpius, elle-même sortait de la maternité avec sa fille Rose. Leurs regards s’étaient croisés et elle avait souri. Il avait été à deux doigts d’aller lui parler mais Weasley était arrivé avec son air bêta et il avait laissé tomber. 

-C’est plutôt toi qui me colle Granger.

-Je travaille ici je te rappelle, répondit-elle sourcil levé. 

-Ah oui c’est vrai. J’avais oublié que Weasley était tellement incapable de survenir à tes besoins que tu es contrainte de travailler. 

Elle croisa des bras sur son décolleté et son visage se crispa. Drago cacha le sourire de satisfaction qui aurait illuminé son visage. 

-Je travaille pour mon plaisir personnel pour ta gouverne, même si ça ne te regarde pas.

-C’est toujours ce qu’on dit quand on est marié à un homme incapable de gagner sa vie.

-Tu as un problème avec mon mari peut-être ? 

Avait-il touché un point sensible ? Il eut un rictus et leva les mains pour apaiser le jeu. Il ne voulait pas la fâcher au point de se retrouver engager dans un duel. 

-Aucun. Je constate seulement que c’est bien un Weasley. Et que les Weasley ne changeront jamais, ajouta-t-il en se retournant vers l’entrée de l’ascenseur. 

-Je suis une Weasley et toute insulte contre ma famille…

Il se détourna brusquement et l’interrompit en se rapprochant d’elle.

-Tu es une Granger et non une Weasley. Tu es une pièce rapportée, pas l’une des leurs. Tu méritais mieux que lui, mieux que cette vie. Tu n’étais pas faite pour être une salariée. Tu devrais diriger et non être soumise. Sur ce, bonne journée Granger. Tu salueras ton merveilleux mari pour moi et tu lui diras qu’il n’y a aucune chance que mon fils traine avec votre fille et qu’il ne s’imagine pas une seule seconde qu’elle sera meilleure que lui. 

La porte de l’ascenseur s’ouvrit et il ne se retourna qu’une seule seconde pour voir l’air ahuri de Granger. Il avança vers la secrétaire du ministre de la Magie en souriant. C’est en arpentant le couloir qu’il se rendit compte que c’était l’odeur de son parfum à elle qu’il avait reconnu. Soif de passion. C’était son nom. Mine de rien, elle lui avait manqué toutes ses années, il ne l’avait pas remarqué avant. 

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