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Chapitre 2 : l'ascenseur

 

 

-Bonjour monsieur Malefoy, le ministre ne va pas tarder à vous recevoir, puis-je vous proposer une tasse de thé ? 

-Non merci mademoiselle. 

Il s’installa dans la confortable salle d’attente du Ministre de la Magie. Il regarda les portraits au mur. Il avait connu dans sa vie les trois ministres précédents. Il regarda le portrait de Fudge et ne put empêcher un rictus de s’afficher sur son visage. Quel imbécile ! Il l’avait croisé la semaine d’avant et avait fait mine de ne pas le reconnaître, il n’avait plus aucun intérêt maintenant. Son esprit vagabonda et il se remit à penser à Granger. Elle s’était affinée depuis Poudlard et ses cheveux semblaient un peu plus disciplinés. Elle lui avait paru complètement débordé, un peu comme quand il la croisait à la bibliothèque de Poudlard. Il sourit. Elle avait toujours une quantité de parchemin à côté d’elle vraiment impressionnante. 

-Le Ministre va vous recevoir monsieur Malefoy. 

Drago se leva de manière délicate en remettant sa robe comme il le fallait. Le Ministre vint l’accueillir en personne. Kingsley Shacklebot n’avait guère changé en 20 ans, si ce n’est qu’il avait pris des rides et que ses sourcils commençaient à grisonner. Il avait toujours son regard perçant. Drago savait qu’il devait la jouer finement avec lui et éviter à tout prix de lui mentir. En tant que ancien Auror, il allait le savoir tout de suite. Quand il lui serra la main, Drago pouvait sentir sa puissance et bien malgré lui son coeur se mit à battre plus vite. 

-Bonjour Monsieur le Ministre. 

-Comment allez-vous monsieur Malefoy ? Je vous en prie, asseyez-vous. 

Le bureau n’avait guère changé. La première fois que Drago y était venu, c’était lors de son enfance avec son père. Il était resté une dizaine de minutes et avait observé la manière de se comporter de son père. Lucius méprisait Cornélius Fudge. Tout son visage le criait mais seul Fudge semblait ne jamais s’en apercevoir. Le bureau était décoré de façon fonctionnelle. L’ordre de Merlin du Ministre était accroché en évidence, ainsi qu’une photo de l’Armée de Dumbledore post-bataille de Poudlard. Drago l’avait déjà vu une dizaine de fois et comme à chaque fois, son regard ne resta accrocher dessus que quelques secondes. Un sentiment étrange le prenait à chaque fois qu’on lui parlait de cette époque. Drago se rendit compte qu’il observait Shacklebot sans vraiment écouter ce qu’il disait. Il s’en moquait en fait. 

 

-Avant que nous commencions notre réunion privée, commença Drago, il y a une chose dont j’aimerais vous faire part, monsieur le Ministre, enfin une faveur à vous demander.

Shacklebot se rejeta sur son fauteuil et le regarda droit dans les yeux. Il semblait craindre ce que Drago allait lui demander.

-Je vous écoute. 

-Je ne veux pas que cela se sache et je compte sur votre discrétion, comme pour nos précédentes entrevues. J’aimerais faire un don anonyme pour le Département d’Application des Lois Magiques, et que ce fond soit exclusivement dédié à la lutte contre les inégalités des anciennement nés moldus et sang purs. 

Shackelbot leva les sourcils bien haut et eut le quart d’un sourire soulagé sur le visage pendant quelques secondes avant de se reprendre. 

-Il me semble que c’est plutôt à la Directrice de Département que vous devriez vous adresser. Vous la connaissez en plus…

-Je n’ai pas la moindre envie de parler affaire avec Hermione Granger-Weasley, l’interrompit-il sèchement. Sinon j’aurais directement été la voir. 

-Ah.

Drago comprit qu’il devait donner plus d’explications. Il joua avec son alliance. Cela lui permettait de se concentrer. 

-Écoutez, Granger et moi, ça n’a jamais… On n’est pas des amis je veux dire. Moins je me retrouve dans son espace vital, mieux elle se porte alors.. Enfin bref, ce que je vous demande c’est si cela est possible ou non.

-C’est possible mais..

Drago lâcha un sourire de satisfaction. Il sortit de son porte document un talon de chèque de banque. Il inscrivit un montant dessus et le confia au Ministre comme il l’avait déjà fait par le passé, comme il le faisait régulièrement depuis près de 5 ans. 

 

-Vous me rendez perplexe. Qu’en tirez-vous ? De toute cette générosité ? Vous avez versé des milliers de gallions pour les Aurors et je ne comprends pas où vous voulez en venir. Il faut que vous ayez conscience que je ne vous accorderais aucun privilège pour ça. Mon ministère est basé depuis des années sur une absence de corruption totale et je ne ferais pas exception. Alors que voulez-vous Malefoy ? 

Drago plissa des yeux et cessa de jouer avec son alliance. Il fixa un point sur le bureau avant de répondre d’un ton sec.

-Absolument rien. Ne pouvez-vous pas croire à un pur acte d’altruisme ? 

-Non. Je n’arrive pas à y croire. 

Le Ministre se leva de son siège et se dirigea vers la fenêtre et regarda au dehors.

-Au vu de votre passif, j’ai du mal à croire à un acte dénué de tout intérêt. Dîtes moi la vérité Malefoy. J’ai accepté votre argent par le passé mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a anguille sous roche.

-J’admire la facilité avec laquelle vous venez de me dénigrer tout en remettant en cause mon intégrité. J’admire également la force de vos préjugés. Si vous ne vouliez pas de mon argent, il fallait me le dire il y a des mois voir des années maintenant. 

Drago aurait voulu se relever et partir en courant mais une force incroyable le faisait tenir en place. Il ne savait pas d’où elle venait. Du moins il ne voulait pas s’en rendre compte. 

-En fait, vous avez parfaitement raison. Je ne fais pas ça seulement dans un but purement altruiste. Parce qu’en réalité, j’en ai que faire des autres. Je viens de me rendre compte que vous mentir ne sert à rien. Vous êtes un Auror et vous pourriez me faire cracher ce que voulez me faire dire par la force.

Drago lui avait parlé sérieusement et Kingsley Shackelbolt pour la première fois le regarda avec intérêt. Il avait senti les accents de vérité dans la voix du jeune homme assis en face de lui. Le Ministre était retourné s’assoir dans son fauteuil. Drago allait devoir la jouer de manière très fine. Il ne comptait pas se dévoiler entièrement. Il croisa ses jambes, ses mains et plongea son regard gris dans celui du Ministre. La partie commençait et il ne savait pas qui allait en sortir vainqueur.

 

En entrant dans l’ascenseur le ramenant dans le hall du ministère, Drago avait encore les mains qui tremblaient. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Il regarda sa main droite que le Ministre avait serré avec véhémence. Il n’était pas seul aussi il évita de montrer la satisfaction sur son visage. Son cœur battait la chamade mais il savait que nul ne pouvait voir le tourbillon qui l’agitait. Parce que c’était bien ça qu’il ressentait, une tornade intérieure. Mais ce n’était pas tout. Il se sentait un peu libéré aussi, comme si un grand poids avait quitté ses épaules. Il sursauta presque en entendant un sac tomber et il vit à ses pieds une pomme et une clef. C’était à la femme derrière lui qui était chargée comme un mulet. Elle avait une pile de dossier à la main tellement haute qu’il ne voyait que le haut de son crâne. 

-Je vais vous aider. 

Il était un gentleman après tout. Il remarqua que le sac avait cédé sous le poids. Il s’accroupit et ramassa les affaires au sol et les remit dans le sac. Il sortit sa baguette magique et répara la lanière. 

-Merci, marmonna la sorcière. 

Il lui semblait reconnaître cette voix. D’ailleurs, il ne se trompait pas. La femme saisit son sac et croisa son regard. Ses yeux passèrent de la gratitude à la surprise totale. Elle avait un visage familier mais il était incapable de mettre un nom sur son visage. Elle était avec lui à Poudlard ça il en était sur et certain mais ces cheveux filasses châtains et ce double menton ? Ça ne lui disait rien du tout.

-Drago ? Drago Malefoy ? Oh mon Dieu ! tu te rappelles de moi. Pansy Parkinson ! On était ensemble à Poudlard. 

Pansy Parkinson… Il était tout aussi étonné de la rencontrer ici alors qu’il ne l’avait pas croisé depuis 15 ans. Mais il maîtrisa son visage, il savait que nulle surprise ne transparaissait sur ses traits. Il se contenta de hocher légèrement la tête.

-Évidemment que je me souviens de toi voyons. Comment aurais-je pu t’oublier ? 

Il mentait de manière éhontée. Par la barbe de Merlin, pensa-t-il un brin effrayé, comment a-t-elle pu devenir comme ça ? Il sourit légèrement pour cacher son trouble. Elle avait pris pas mal de poids, elle se ressemblait à peine. Sa remarque semblait lui faire plaisir pourtant. 

-Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu ! La dernière fois, c’était à ton mariage ! 

Drago plissa légèrement des yeux. Il lui avait demandé de passer dans sa chambre d’hôtel. C’était une idée de son témoin, Blaise Zabini. Bien sûr, il devait penser à une prostituée mais il avait trouvé amusant de faire croire à Pansy qu’elle avait peut-être les moyens de le faire changer d’avis. Elle avait été plus qu’inventive cette nuit là. D’ailleurs il lui semblait entendre une pointe d’amertume dans sa remarque.

-C’est vrai. En tout cas tu.. tu.. n’as pas changé. Tu travailles toujours au même endroit ? 

Il ne se souvenait pas où elle travaillait mais il espérait qu’elle ne descendrait pas jusque dans le hall ce qui l’aurait contraint de tenir une conversation qui l’ennuyait au plus au point.

-Oui. Avec mon fiancé d’ailleurs. 

-Ton.. fiancé ? 

Il était vraiment surpris. Il ne pouvait pas le feindre. Pansy eut un sourire et là, il la retrouva. Il se demandait comment un homme pouvait lier toute son existence à une femme telle qu’elle. Si il l’avait supportée toutes ses années à Poudlard, c’est en partie parce que son père était important pour la famille Malefoy et aussi parce qu’elle dirigeait son fanclub d’une main de maître. Elle avait été la première fille avec qui il avait couché d’ailleurs. Elle n’avait pas froid aux yeux. Mais là… elle paraissait pouilleuse. Rien à voir avec la Pansy de la Grande Époque. Il en était presque déçu. 

-Oui mon fiancé. Ça me fait plaisir de te revoir. De toute façon, on se revoit dans 15 jours…

-Qu’y a t’il dans 15 jours ? demanda t’il brusquement.

-Une réunion pour les anciens de Poudlard, pour la promotion Potter, ajouta-t-elle d’un ton moqueur et suffisant. J’ai reçu l’invitation ce matin, pas toi ? 

-Ce matin j’ai emmené mon fils Scorpius, qui entre à Poudlard cette année, à la gare. Je n’ai pas eu le loisir d’ouvrir mon courrier au petit déjeuner. C’est un luxe que je peux rarement me permettre, je n’ai plus une vie aussi monotone que pendant mes études.

Pansy devint pâle. Il n’aurait peut-être pas dû lui répondre ainsi mais il n’avait pas apprécié le sous-entendu derrière son “pas toi”. Elle se dégagea et s’avança vers la porte.

-En tout cas toutes mes félicitations pour tes.. fiançailles.

-Merci. On devrait se revoir autour d’un thé un jour.

Il hocha la tête ce qui aurait pu être pris pour un acquiescement. Quand la porte se referma, il en fut soulagé. Il espérait qu’il ne rencontrerait plus personne de la journée. Il avait juste envie de rentrer chez lui et de se rendre dans sa bibliothèque. Il trouvait étrange qu’il n’y ait personne dans cet ascenseur. Il ne fut pas seul longtemps. Il se retrouva coincé dans le fond de l’ascenseur en quelques secondes. Il détestait ça, la proximité avec le peuple. Arrivé dans le hall, il tomba nez à nez avec Daphné, sa belle-soeur. Il l’embrassa sur la joue, ce qui faisait très français selon cette dernière. 

 

-Que fais-tu ici ? 

-Je suis venue réparer les erreurs de mon fils aîné, qui se permet de transplaner sans permis et qui ne prend pas assez d’argent sur lui pour payer ses amendes.

Elle semblait excédée de devoir venir ici pour ça. 

-Comment se fait-il que tu doives te déplacer directement ? 

Drago était perplexe mais il essayait de garder le plus possible un visage serein. Il avait conscience que des gens pouvaient les observer et il ne voulait pas leur laisser le loisir de voir que quelque chose clochait.

-C’est une excellente question et comme Enguerran n’est pas en Angleterre, cette corvée me revient de droit, ajouta-t-elle d’un ton dédaigneux.

-L’amende est de quoi… 25 G ? 

-30 et elle est censée être dissuasive, ironisa-t-elle. C’est le prix de ma nouvelle coupe de cheveux..

-Qui te va à ravir, répondit au tac-o-tac Drago presque sans le remarquer, c’était le genre de compliment bateau qu’il avait appris à sortir mécaniquement.
-C’est gentil. Puis-je te demander une faveur ? Puisque tu es là, accepterais-tu de m’accompagner? Je commence à être fatiguée et…

-Tu n’as pas à t’expliquer Daphné. Je vais venir avec toi, nous sommes de la même famille après tout. L’inconduite de ton fils peut rejaillir sur chacun des membres de sa famille, donc sur moi. À deux nous serons plus fort. Et tu sais mieux que moi comment les gens réagissent face à une femme enceinte. Ils te prendront pour une personne faible et tu ne peux pas laisser tes hormones parler à ta place. 

Daphné Greengrass le regarda avec de petits yeux mais un demi-sourire lui barra la face. 

-Hmmm. Je vais faire abstraction de l’insulte et ne garder que ton acceptation de m’accompagner. Tu sais à quel point je suis mal à l’aise avec les prolétaires. Ils ne comprennent pas les choses comme nous et ne voient pas la vie comme nous nous la voyons. Surtout quand ce sont des Sang-de-Bourbes, ajouta-t-elle très bas. Ceux là sont vraiment bornés.

Drago hocha la tête. Il voyait où elle voulait en venir. Mais il ne pensait pas qu’elle devait employer de telles expressions au sein du ministère de la magie. Si quelqu’un les avait surpris, il n’aurait pas donné très cher de leur peau. Il lui tendit le bras et ils transplanèrent jusqu’au 6è étage du ministère de la Magie. Vers le département de la justice. Drago en profita pour regarder autour de lui. La dernière fois qu’il était venu, c’était il y a quelques années et la différence se faisait sentir. Mais il n’avait pas le temps de s’appesantir que déjà, la secrétaire les appelait pour qu’ils s’installent dans un bureau. Il n’y avait personne dedans. Daphné posa ses mains sur son ventre arrondi de 7 mois, une fois assise et regarda Drago d’un air profondément affligée.

-Tu ne trouves pas que ça sent le moldu ? 

-C’est exactement la réflexion que je me suis faite. Ça fait très moldu par ici, ajouta-t-il moqueur avec un rictus sur les lèvres.

Daphné éclata d’un rire suraigüe. Drago détestait le rire de sa belle-soeur. Il lui rappelait celui de sa tante Bellatrix certains soirs, l’année de la disparition du Seigneur des Ténèbres.

 

La porte derrière eux se ferma et Drago sut qui c’était avant même d’entendre sa voix. Soif de Passion, avait fait son oeuvre. Il leva les yeux au ciel. Sa belle-soeur se détourna et Drago vit du coin de l’œil qu’elle ne l’avait pas reconnu. Il eut une mauvaise impression. Il sentait que quelque chose allait clasher. Tout ce qu’il espérait c’est qu’il pourrait réparer les morceaux

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